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chez son compère, don Pedro leur donna son adresse en les engageant à le venir voir, le plus tôt possible, puis il consentit enfin à les laisser et s’occuper de ses propres affaires.

Nous abandonnerons quant à présent l’Olonnais et Pitrians, s’installant à la Vera-Cruz, tout en préparant leur entrée en campagne, et nous reviendrons au duc de la Torre et à sa famille.

Ainsi que nous l’avons dit, M. d’Ogeron avait fait demander par l’entremise du gouverneur espagnol de Saint-Domingue, au capitaine général de Cuba, l’autorisation de laisser mouiller devant la Vera-Cruz le vaisseau de guerre français le Robuste, chargé par le roi Louis XIV, d’y conduire S. E. le duc de la Torre, récemment nommé vice-roi du Pérou, par S. M. catholique.

Cette autorisation s’était fait attendre quelque temps, mais enfin elle était arrivée, accompagnée d’une lettre gracieuse du capitaine général. Le lendemain de la réception de cette autorisation, le duc de la Torre, après avoir fait ses adieux à M. d’Ogeron et aux principaux boucaniers, s’était embarqué avec sa famille. Le Robuste avait immédiatement levé l’ancre et mis sous voiles.

La traversée de Port-Margot à la Vera-Cruz se fit dans les conditions ordinaires, sans incidents dignes d’être notés. Le Robuste mouilla vers huit heures du matin devant le fort de San Juan de Luz, où tous les bâtiments avaient coutume de jeter l’ancre.

C’était la première fois, depuis la conquête du Mexique, qu’un bâtiment de guerre français faisait majestueusement flotter les plis de son pavillon dans un des principaux ports de l’Espagne de Ultra-mar ; aussi la curiosité était-elle grande dans la ville ; les habitants étonnés, et presque effrayés à la vue de ce puissant vaisseau, s’interrogeaient avec anxiété ; ils essayaient de découvrir quel motif l’avait conduit devant leur ville, et comment il avait obtenu l’autorisation d’y mouiller.