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— Eh bien ! voilà qui est dit, reprit joyeusement l’haciendero, en se frottant les mains, quand vos courses vagabondes vous conduiront à Peña Verde, c’est le nom de mon hacienda, j’espère vous y offrir une hospitalité, autrement large que celle que je suis en état de vous donner aujourd’hui. Vous verrez comme nous agissons, nous autres costenos, Caraï ! quand nous nous y mettons !

La conversation prit alors un ton d’intimité, tout à fait sans façons ; lorsque les trois hommes, un quart d’heure plus tard, atteignirent Medellin, ils étaient les meilleurs amis du monde, on les aurait crus liés depuis dix ans.

Don Pedro Garcias occupait à Medellin une charmante habitation, construite tout en bois, et dont les jardins descendaient en pente douce, jusqu’au bord de la rivière.

L’haciendero fut reçu à la porte de sa maison de campagne, car cette habitation n’était pas autre chose, par deux ou trois peones empressés, dont les cris et les acclamations joyeuses attirèrent hors des appartements, une dame de trente-trois ans environs, fort belle encore, et dont les traits étaient empreints de cette dignité douce et sympathique, que l’âge met au front des matrones dont la vie a été pure. Deux charmantes jeunes filles de quatorze et quinze ans, se tenaient modestement près de cette dame, leur ressemblance frappante avec elle, indiquait clairement que celle-ci était leur mère.

Au Mexique, un hôte est réellement l’envoyé de Dieu ; du moins, cela était encore ainsi à l’époque assez éloignée déjà où j’habitais ce beau pays. Aujourd’hui tant de changements se sont produits dans cette malheureuse contrée, avec les révolutions et les interventions étrangères, que je n’ose affirmer qu’il en soit encore de même.

Un hôte dès qu’il posait le pied sur le seuil de la maison où il était reçu, était considéré comme un