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geaient les aventuriers, tout en poussant nonchalamment leurs mules, et en fumant l’inévitable cigarette espagnole.

Ils marchaient ainsi depuis une heure environ, lorsqu’à un détour de la route, ils se rencontrèrent face à face, presque à l’improviste, avec un homme d’une quarantaine d’années, à la physionomie ouverte mais un peu railleuse, et qui les salua d’un :

— Buenos Dias ! retentissant, en émergeant d’une sente latérale, au galop d’un magnifique cheval.

Le costume de cet individu, sans être riche, montrait l’aisance, dont sans doute jouissait son propriétaire.

Les arrieros répondirent cordialement au salut de l’étranger ; celui-ci sans plus de cérémonies, fit ranger son cheval auprès d’eux.

— Oh ! oh ! dit-il gaiement, vous êtes en route de bien bonne heure, mes maîtres ; qui diable a pu vous engager à partir ainsi avant le lever du soleil ? vous n’êtes pas des jeunes filles, pour craindre de gâter votre teint ?

— Non, répondit en riant l’Olonnais, seulement, nous ne nous soucions pas de marcher à la grande chaleur du jour.

— Et, caraï ! vous avez raison, mes maîtres ; vous vous rendez à Medellin ?

— Mon Dieu, oui.

— Eh bien ! si cela peut vous être agréable, je vous annonce que vous y serez avant un quart d’heure.

— La nouvelle est excellente en effet, nous vous remercions de nous l’avoir donnée.

— D’après votre costume, je vois que vous n’êtes pas costenos — des côtes. —

— Vous avez deviné, señor, nous sommes en effet tierras a dentro — de l’intérieur, — voici la première fois que nous venons si près de la mer, ce qui est cause, caraï ! que nous nous sommes trompés de route ; et au lieu de suivre tout droit notre chemin, nous avons bête-