tor, viens ici, mon garçon ; fit Vent-en-Panne en s’adressant à son engagé, debout à quelques pas de la porte ; ton pistolet est-il chargé, mon enfant ?
— Oui, capitaine.
— Très-bien ; alors approche et fais-moi le plaisir de brûler la cervelle à ce señor qui est là, tiens à côté du capitaine don Antonio.
Tributor s’avança et exécuta froidement l’ordre de son chef.
— C’est une triste nécessité, mon cher capitaine, dit Vent-en-Panne avec bonhomie, en s’adressant au gouverneur atterré par cet acte de justice sommaire ; cependant vous reconnaîtrez que ce caballero n’a pas souffert ; maintenant, si vous voulez, nous reprendrons la conversation où nous l’avons laissée.
— Mais, señor, il nous est impossible, je vous le proteste, de…
— Ah ! vous vous entêtez ? très-bien ; Tributor, passe à cet autre caballero, et agis avec lui comme tu as fait avec le premier.
Un second coup de pistolet retentit ; une nouvelle victime roula sur le sol.
Les flibustiers riaient à se tordre, l’idée de Vent-en-Panne leur semblait charmante ; la bonhomie et le laisser aller avec lesquels leur chef procédait mettaient surtout le comble à leur joie ; certes ils préféraient beaucoup voir se prolonger cette exécution, au paiement des quarante mille piastre demandées.
Les notables de San Juan de la Maguana ne partageaient nullement cette opinion ; la forme de conversation adoptée par Vent-en-Panne leur souriait très-médiocrement ; convaincus que les flibustiers n’hésiteraient pas à les mettre tous à mort, ils étaient en proie à une agonie terrible, et commençaient à chuchoter vivement entre eux.
— Nous disons donc señores, reprit paisiblement Vent-en-Panne, que définitivement, vous êtes dans l’impossibilité, ou du moins vous vous obstinez à ne pas