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combattons comme des hommes ! au lieu de nous laisser tuer comme des chiens ! finissons-en avec cette porte ; pénétrons dans cet appartement, nous nous y barricaderons, et nous obtiendrons de bonnes conditions ; en avant ! c’est pour notre vie que nous combattrons maintenant !

— En avant ! répétèrent les bandits.

Ils se ruèrent contre la porte avec une force irrésistible.

Mais alors, il se passa une chose étrange.

Cette porte, que si longtemps ils avaient en vain attaquée, s’ouvrit pour ainsi dire toute seule ; une énorme brèche avait été pratiquée dans la barricade, et laissait ainsi pénétrer la vue jusqu’au fond de l’appartement.

Au milieu du salon central, dix flibustiers rangés sur une seule ligne, le fusil à l’épaule, firent une décharge terrible, dès qu’ils aperçurent les bandits ; ceux-ci se rejetèrent tumultueusement dans les cours, par où ils tentèrent de s’échapper, mais la retraite leur était coupée ; d’autres flibustiers soutenus par des soldats espagnols, les accueillirent à coups de fusil.

Le Chat-Tigre à demi fou de rage et de douleur, reconnaissant qu’il était perdu, ne voulait pas, du moins, tomber sans vengeance ; il rassembla à la hâte sept ou huit de ses plus déterminés bandits, et se mettant à leur tête, il s’élança résolûment en avant ; une mêlée terrible s’engagea, une lutte corps à corps, sans merci.

Tout à coup le Chat-Tigre et l’Olonnais se trouvèrent face à face.

— Oh ! démon ! s’écria le Chat-Tigre, te voici donc enfin ! Cette fois, l’un de nous succombera ?

Et bondissant sur le jeune homme, il lui tira un coup de pistolet presque à bout portant.

Mais plus rapide que la pensée, Fleur-de-Mai s’était jetée devant le jeune homme, la balle l’atteignit en pleine poitrine, elle tomba.

— Misérable, assassin ! s’écria l’Olonnais avec un geste d’horreur.