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Potrero ; l’affaire a manqué, c’est vrai, mais si mes souvenirs ne me trompent pas, vous avez à cette époque, visité l’hacienda dans tous ses détails.

— C’est exact, et tenez, vous me mettez sur la voie d’un fait grave que j’avais complétement oublié ; permettez-moi, señores, de donner un ordre important. Lieutenant Perez !

— Seigneurie ? répondit l’officier en s’approchant.

— Prenez vingt dragons, rendez-vous ventre à terre à la lagune del frayle ; cette lagune se trouve je crois aux environs de Medellin, tout près de la mer.

— Je la connais, seigneurie ; répondit l’officier avec un sourire railleur.

— Très-bien, cela simplifie singulièrement votre mission. Sur le bord même de cette lagune, vous verrez l’entrée d’une caverne, masquée par un bouquet d’arbres, je ne me rappelle plus de quelle essence ; mais vous le reconnaîtrez facilement. Vous embusquerez vos cavaliers au centre même de ce bouquet d’arbres et vous vous emparerez de tous les individus, quels qu’ils soient, qui essaieront de sortir de la caverne ; allez et ne ménagez pas vos chevaux, le temps presse.

L’officier s’inclina, se mit à la tête de vingt dragons et s’élança à toute bride à travers la campagne.

— Cette caverne, continua don Antonio, en s’adressant à Vent-en-Panne et aux autres officiers, communique, par des souterrains remontant à une haute antiquité, avec l’hacienda del Potrero ; c’est même par cette issue, assure-t-on, que les contrebandiers embarquent toutes les marchandises qu’ils font passer en fraude.

— Mordieu ! dit Vent-en-Panne avec le plus grand sérieux, vous avez eu là une glorieuse idée, monsieur le gouverneur ; elle ne pouvait vous venir plus à propos.

Le gouverneur sourit, toussa et détourna la tête, en rougissant légèrement.

— L’hacienda n’a-t-elle pas d’autres issues ? demanda le duc de la Torre.