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ment vous êtes menacé ; vous vous imaginez avoir conduit cette expédition avec toute la prudence nécessaire ; vous vous figurez que vos précautions ont été si bien prises, qu’il sera impossible de retrouver vos traces, et que vous pourrez mener à bonne fin une entreprise, selon vous si bien commencée.

— En effet ; répondit-il avec un sourire goguenard, je le crois ainsi.

— Eh bien ! vous vous trompez, Chat-Tigre ; je vous le dis dans votre propre intérêt ; votre retraite est connue de vos ennemis, ils ont retrouvé vos traces, ils accourent vers vous ; peut-être avant une heure, serez-vous cerné par des forces considérables, et la fuite vous deviendra-t-elle impossible.

— Misérable enfant ! s’écria-t-il en frappant du pied avec colère, qui te fait parler avec cette assurance.

— La certitude que j’ai, que tout est ainsi ; répondit-elle froidement.

— M’aurais-tu trahi ?

Elle sourit dédaigneusement.

— Qui sait ? répondit-elle avec ironie ; ne suis-je pas descendue de la litière à la porte de la venta ? plusieurs hommes étaient rassemblés là ; peut-être dans le nombre s’en est-il trouvé un qui me connaît ; cela ne suffirait-il pas ?

— Allons, je suis fou d’écouter ces billevesées, et de prêter ainsi l’oreille aux divagations d’une innocente ! chère enfant, ajouta-t-il, je te remercie des bons avis que tu me donnes, malheureusement ils viennent trop tard ; quoi qu’il advienne, ce que j’ai résolu sera.

— Prends garde !

— Bien ! bien ! c’est entendu ; mais sache bien ceci, Fleur-de-Mai, ma mignonne, si l’on m’attaque, je ferai une si vigoureuse résistance, que ce seront de hardis compagnons, ceux qui oseront me tenir tête. Laisse-moi passer, je désire dire quelques mots à Mme  la duchesse de la Torre.

— À ton aise, Chat-Tigre ; il n’y a pire sourd que ce-