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L’Olonnais et Pitrians poussèrent un cri de surprise en reconnaissant cet homme.

— Il y a là quelque erreur ; s’écria vivement l’Olonnais ; cet homme n’est pas un espion ?

— Lui ? jamais de la vie ! ajouta Pitrians ; c’est notre ami, nous lui avons les plus grandes obligations, si nous n’avons pas été assassinés dans quelque coin, c’est grâce à lui !

— En effet, s’écria le duc, je crois reconnaître cet homme.

— Caballeros, j’ai bien l’honneur de vous saluer ; dit en souriant Pedro Garcias, car le prétendu espion n’était autre que le digne haciendero.

— Comment se fait-il, mon cher don Pedro, lui dit l’Olonnais après lui avoir courtoisement rendu son salut, comment se fait-il que vous nous arriviez avec une pareille escorte, et sous le coup d’une accusation capitale ?

— Oh ! c’est bien facile à vous expliquer ; j’avais absolument besoin de vous voir, pour vous annoncer une nouvelle de la plus haute importance ; si je m’étais tout bêtement présenté aux caballeros Ladrones qui gardent si soigneusement les portes, et que je leur eusse dit pourquoi je voulais entrer, ils m’auraient appelé imbécile, et sans doute m’auraient gardé sous clé ; cela ne faisait pas mon affaire ; je ne fis ni une ni deux, je feignis de vouloir m’introduire en cachette dans la ville, tout en ayant bien soin de m’arranger de façon à me faire prendre ; cela ne manqua pas ; je fus naturellement accusé d’être un espion ; ces caballeros ont eu l’obligeance de me conduire tout droit ici ; c’était justement ce que je désirais ; aussi je ne fis pas la moindre observation.

— Matelot, dit l’Olonnais à Vent-en-Panne, Pitrians et moi, nous répondons de cet homme corps pour corps. Il nous a rendu les plus grands services.

— Vous êtes libre, señor ; quant à vous, frères, retournez à votre poste.