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— Oh ! matelot ! s’écria Vent-en-Panne d’une voix vibrante, ce qui t’arrive en ce moment me touche encore plus que toi-même !

— Que veux-tu dire ?

— Rien ! rien ! répondit-il en faisant un effort sur lui-même pour reprendre son sang-froid ; ne m’interroge pas, tu sauras bientôt, trop tôt peut-être, ce que signifient mes paroles. Elles m’ont échappé, maintenant je regrette de les avoir imprudemment prononcées ; viens, suis moi, nous n’avons pas un instant à perdre, si nous voulons les sauver.

— Il me reste un espoir ! dit vivement l’Olonnais.

— Lequel ? parle ?

— Espoir bien faible à la vérité, mais enfin le bras le moins fort peut dans certaines circonstances servir d’égide ; j’avais chargé Fleur-de-Mai de prévenir ces dames de mon arrivée…

— Eh bien ?

— La brave et loyale enfant, n’a pas voulu les abandonner ; elle les a suivies, malgré le Chat-Tigre, qui n’a pas osé s’y opposer.

— Oui ; fit Vent-en-Panne avec ironie, tu as raison de dire que cet espoir est bien faible ; que pourra faire la pauvre enfant ? Rien que mourir ! non, non ! des hommes seuls, et des hommes résolus, réussiront à venger ces dames infortunées ; viens, te dis-je !

— Il nous est impossible de rien tenter sans le duc de la Torre ; nous devons nous entendre avec lui au plus vite. D’abord, nous ignorons quelle direction ce bandit aura prise. Savons-nous seulement s’il a quitté la ville ? Les portes et les poternes en étaient gardées, c’est vrai ; mais mieux que personne, nous savons, nous autres, combien il est facile de faire une brèche dans une muraille.

Vent-en-Panne confia alors le commandement au beau Laurent qui venait de les rejoindre ; il lui expliqua en quelques mots, quel était l’état des choses ; lui fit promettre d’exécuter ponctuellement et loyalement la