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Mai, tu es bonne ; je t’aime, moi aussi, comme une sœur.

— Ah ! voilà la parole que j’attendais, merci, Violenta.

En ce moment un bruit assez fort se fit entendre au dehors.

— Qu’est-ce cela ? s’écria doña Violenta en pâlissant.

— Peut-être nos amis qui arrivent ? répondit Fleur-de-Mai ; mais quoi que ce soit, ne crains rien, ma sœur ; je suis là, je saurai te défendre.

Le bruit redoubla ; plusieurs coups de feu éclatèrent, des gémissements, des cris de douleur, s’élevèrent, puis une porte s’ouvrit brusquement ; et la duchesse apparut pâle et défaite.

— Nous sommes perdues ! s’écria-t-elle.

Elle tomba presque mourante entre les bras de sa fille ; en un tour de main, Fleur-de-Mai eut renversé plusieurs meubles et formé une espèce de barricade dans l’angle de la pièce, où la duchesse et sa fille s’étaient réfugiées ; puis la tête haute, l’œil étincelant, elle se plaça fièrement debout devant les deux dames. Au même instant plusieurs individus à mines patibulaires firent irruption dans la pièce, le Chat-Tigre venait à leur tête.

— Toute résistance est inutile ! s’écria-t-il d’une voix tonnante ; rendez-vous, mesdames, vous êtes mes prisonnières !

— Pas encore ! répondit Fleur-de-Mai en le couchant en joue.

Le bandit recula surpris.

— Fleur-de-Mai ! s’écria-t-il : que prétends-tu faire, enfant !

— Je suis ici, pour protéger ces dames, répondit-elle ; moi vivante aucune insulte ne leur sera faite ; oseras-tu me tuer, Chat-Tigre ? Au reste cela ne m’étonnerait pas, tu es assez lâche pour assassiner des femmes !

Le Chat-Tigre pâlit au sanglant outrage, ses traits se décomposèrent ; pendant un moment, sa belle figure devint réellement hideuse.