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considération peut nous retenir ? aucune. Ce qu’il nous faut c’est de l’or ; par estime pour vous, à cause de votre belle défense, je suis disposé à vous faire beaucoup de concessions, auxquelles je ne consentirais pas avec un autre ; ainsi croyez-moi ; offrez-nous des conditions convenables ; n’essayez pas de jouer au plus fin avec moi. Je suis très-bien renseigné ; je sais que la ville regorge d’or, en ce moment. Je connais même l’endroit où cet or est déposé ; vous attendez l’arrivée de la flotte de Panama pour charger vos galions, que l’escadre dont je me suis emparé avait pour mission de protéger jusqu’en Europe. Maintenant parlez, M. le duc, je vous écoute.

— Monsieur, puisque vous prenez la question ainsi, je vous répondrai que je n’ai pas qualité pour traiter. Ma mission est toute militaire, je manquerais à mon devoir, en empiétant sur les droits du gouverneur civil, sous les ordres duquel je suis placé.

— Ainsi, monsieur le duc, c’est une rupture, nous recommençons les hostilités ?

— Doucement, monsieur, nous n’en sommes pas encore là ; ces pouvoirs que je n’ai pas, peuvent m’être délégués, par le gouverneur et les notables négociants de la ville. Pour cela il faut que je les voie, que je m’entende avec eux ; je vous demande donc deux heures, c’est le temps nécessaire pour les réunir, leur rendre compte de notre entrevue, et leur demander leurs intentions ; je n’ai pas besoin de vous dire, ajouta le duc en souriant, combien il est difficile de faire consentir des marchands à donner leur argent.

— Oh ! que cela ne vous inquiète pas, M. le duc, nous autres flibustiers, nous possédons des secrets merveilleux pour obtenir ce résultat. Cependant je veux me montrer de bonne composition avec vous : combien dites-vous qu’il vous faut de temps ?

— Deux heures, est-ce trop ?

— Certes, monseigneur ; je vous donne une heure ; passé ce temps, si vous ne revenez pas chargé de pleins