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des lances ; de sorte que les pauvres diables quand on les conduit contre nous, marchent en avant, comme des chiens qu’on fouette, où comme des veaux que l’on mène à l’abattoir, car ils ont à l’avance la conviction de leur défaite.

— Ah ! pardieu, matelot voilà qui est fort ! tout ce que tu me racontes là est bien vrai ! tu ne brodes pas un peu ?

— Non ; tout est d’une exactitude rigoureuse ; tu vois donc que les cent cinquante hommes de la garnison, ne sont pour nous d’aucune importance.

— Oui, ajouta, Montauban, et les Gavachos vont recevoir une jolie brûlée ! que le diable les emporte ! ce sera bien fait pour eux ! À quelle heure donnons-nous l’assaut ?

— Trois heures après le coucher du soleil ; c’est-à-dire à neuf heures ; il faut donner aux señores le temps de s’endormir ; d’ailleurs ils se couchent de bonne heure.

— Oh ! alors, reprit Montbarts, nous avons du temps devant nous ! si j’avais su cela je ne me serais pas autant pressé d’arriver.

— Comment diable, dit Montauban, allons-nous tuer les heures qui nous restent à attendre.

— Que cela ne vous inquiète pas, compagnons, dit Vent-en-Panne, nous causerons ; cela nous aidera à tromper notre impatience.

— Et puis, ajouta Montbarts, je crois que nous ne ferions pas mal d’envoyer deux de nos engagés battre l’estrade, afin de s’assurer si nos compagnons sont à leurs postes.

— Oui, ceci sera prudent.

Deux engagés furent aussitôt appelés, ils reçurent des instructions détaillées et ils s’éloignèrent.

San Juan de la Maguana n’existe plus aujourd’hui ; elle a été remplacée par la petite ville de San Juan, située à quelques lieues plus bas sur la rivière de Neybe ; à l’époque où se passe notre histoire, elle s’élevait sur