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les rangs de la société de la Vera-Cruz, Fleur-de-Mai a réussi à pénétrer dans la prison de l’Olonnais ; ce qui confirme pour moi cette opinion, c’est que si Pedro Garcias, mon ami, avait échoué, il se serait arrangé de façon à communiquer avec nous et à nous avertir de son insuccès. Je suis sûr de son dévouement.

— Oui, oui, tout cela est plausible, dit Vent-en-Panne ; en y réfléchissant, l’affaire n’est pas aussi mauvaise qu’elle me le paraissait d’abord.

— Je trouve même qu’elle est excellente, moi ! dit le Beau Laurent, et que Fleur-de-Mai a eu une triomphante idée ; aussi dès que je la verrai, la chère enfant, je la remercierai chaleureusement.

— Qu’est-ce que tu trouves de si triomphant dans cette idée ? dit alors Vent-en-Panne.

— Mais ceci d’abord, reprit en riant le Beau Laurent : l’Olonnais sait que nous sommes débarqués en nombre ; de plus il connaît nos plans, enfin il a des armes. Il se sera sans doute barricadé dans sa prison ; quand on voudra y entrer il opposera une résistance énergique ; cela fera diversion. Les gavachos, en entendant les détonations des Gelins, se figureront qu’une partie des nôtres est dans la forteresse et que nous en sommes maîtres. Ils perdront la tête, et qui sait ? peut-être entrerons-nous sans coup férir.

— Il y a du vrai dans tout cela, mais c’est égal, cette diablesse de fille aurait bien dû me demander conseil, au lieu d’agir comme elle l’a fait.

— Bah ! mon vieux camarade, ne te chagrines pas pour si peu ; dans tout ce que femme veut le diable est son complice ; elle réussira !

— Oh ! à ce point de vue, je suis parfaitement de ton avis ! Le diable soit des femmes ! mais assez causé, ne bavardons pas davantage ; merci, Pitrians, de m’avoir averti ; cette affaire est vraiment importante ; tu sais, Laurent, comment tu dois agir, règle-toi sur les circonstances.

— Sois tranquille frère, tu seras content de moi.