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cuté une charge brillante pour sauver son ami, et qui aurait réussi, si l’Olonnais n’avait pas eu la cuisse prise sous son cheval, il s’était élancé à toute bride à travers la campagne en passant à travers ses ennemis, blessant et renversant ceux qui essayaient de l’arrêter.

Le cheval de Pitrians était une bête de choix, pleine de feu ; par conséquent capable de fournir une longue traite et cela d’autant plus que, loin d’avoir été surmenée, elle s’était reposée pendant près d’une heure tandis que les deux amis causaient entre eux.

Les agents de police avaient promptement renoncé à poursuivre un homme qu’ils se reconnaissaient dans l’impossibilité d’atteindre ; et pour lequel ils éprouvaient un respect ressemblant beaucoup à de la terreur.

Pitrians après avoir fait un crochet qui le ramena sous le couvert, remit son cheval au pas ; chargea ses pistolets, rétablit le désordre de ses vêtements dont il fit disparaître toute trace accusatrice ; et fort attristé du malheur arrivé à son ami, bien que personnellement il fût rassuré sur les suites immédiates que sa fuite pourrait avoir ; il se dirigea paisiblement et comme un promeneur désœuvré vers Medellin, où il arriva la cigarette à la bouche.

Le jeune homme se rendit tout droit à la principale pulqueria du village, située sur une place, au milieu de laquelle se trouvait un bassin, entouré de grenadiers et de lauriers roses en fleur, lançant dans les airs une gerbe d’eau, rafraîchissant agréablement l’atmosphère.

Il mit pied à terre ; cacha ses pistolets dans sa ceinture, attacha son cheval à un anneau scellé dans la muraille, et pénétra dans la grande salle de la pulqueria.

C’était à peu près l’heure où la siesta est sur le point de finir ; les habitants de Medellin étaient encore plongés dans un sommeil profond et réparateur ; les chiens eux-mêmes étendus à l’ombre des maisons, faisaient bravement leur somme.

La grande salle était vide ; le pulquero gros homme