— Sacrebleu ! sais-tu que ce n’est pas gai du tout, cette conversation-là ?
— Le fait est, qu’elle manque complétement de charme.
Ils avaient traversé le bois dans toute sa longueur ; ils ne se trouvaient plus qu’à une dizaine de pas, d’un autre bois distant d’un quart de lieue tout au plus de Medellin, quand tout à coup, ils entendirent derrière eux le bruit toujours croissant de la course rapide de plusieurs chevaux lancés à fond de train.
— Attention ! dit l’Olonnais, voici l’ennemi.
— Piquons-nous ? demanda Pitrians.
— Pourquoi faire ? cela ne nous sauverait pas et augmenterait les soupçons ; continuons à trotter comme si de rien n’était, mais ayons la main sur nos armes.
À peine cinq minutes s’étaient-elles écoulées, lorsque dix ou douze cavaliers apparurent, arrivant avec la rapidité de la foudre, sur les deux hommes.
Ceux-ci firent volte-face et s’arrêtèrent juste au milieu du chemin.
— Qu’est-ce à dire, et à qui en avez-vous, señores ? demanda l’Olonnais d’une voix haute et ferme ; quel est cet appareil de forces que vous déployez sur le grand chemin du Roi ?
— C’est à vous-mêmes que nous en avons, répondit le Chat-Tigre avec ironie ; je suis porteur d’un mandat en règle du corrégidor ; mandat qui m’enjoint de vous arrêter et de vous appréhender au corps, vous et votre compagnon, partout où je vous rencontrerai.
— Voilà un mandat plus facile à donner qu’à exécuter, mon maître ; reprit l’Olonnais ; d’ailleurs, il n’est justifié par aucun motif plausible, nous voyageons pour nos affaires ; laissez-nous paisiblement continuer notre route et retirez-vous.
— Allons, allons ; assez de paroles ; vous n’avez pas à discuter avec moi la validité du mandat dont je suis porteur ; c’est avec le corrégidor seul, que vous aurez à