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La situation de l’Olonnais et de Pitrians se faisait de jour en jour plus difficile à la Vera-Cruz.

La querelle sanglante que l’Olonnais avait eue au Velorio de las Ventanas, était cause en partie des difficultés chaque jour plus nombreuses, que les jeunes gens voyaient à chaque pas surgir devant eux.

Cette querelle avait été plus qu’une imprudence ; ç’avait été une faute irréparable.

En effet, bien que leur incognito ne fût pas encore percé à jour, cependant, à cause de cette violence que rien de sérieux ne justifiait suffisamment, ils s’étaient mis à dos tout ce que la Vera-Cruz renfermait à cette époque de bandits de la pire espèce ; et s’étaient ainsi créé un nombre considérable d’ennemis d’autant plus redoutables, qu’ils n’avaient rien à perdre, mais au contraire tout à gagner, dans la vengeance qu’ils méditaient contre les deux hommes.

Le Chat-Tigre n’avait pas manqué d’exciter autant qu’il l’avait pu, la haine de tous ces coupe-jarrets contre les deux arrieros, qu’il redoutait instinctivement, et que dès la première rencontre, il avait reconnus pour ennemis.

Une fois, malgré le conseil de don Pedro Garcias, l’Olonnais avait voulu retourner au Velorio ; connaissant le mauvais vouloir dont étaient animés les hideux habitués de ce bouge contre lui, il avait cru leur imposer, en allant carrément les défier, jusque dans leur repaire.

L’affaire avait été rude ; tous les bandits s’étaient réunis contre les deux jeunes gens, ceux-ci n’avaient réussi qu’à grand’peine à s’échapper de leurs mains, non sans leur laisser quelques-unes de leurs plus belles plumes ; et ne conservant que des loques informes de leurs vêtements.

La leçon était dure, d’autant plus dure qu’ils ne s’étaient sortis des griffes de ces bêtes féroces, qu’en les intimidant avec les pistolets, qu’ils portaient toujours sur eux.