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saigné plusieurs fois, il lui avait appliqué force ventouses, etc ; bref, à son grand ennui, le jeune homme avait été contraint de garder le lit dix longs jours ; pendant lesquels à la vérité, tous ses amis, et ils étaient déjà nombreux étaient venus le voir et lui faire compagnie.

Toutes ces preuves de sympathies auraient dû le combler de joie, en lui prouvant en quelle haute estime le tenaient les frères de la Côte ; bien que nouveau parmi eux, et n’ayant en réalité rien fait encore pour justifier une telle faveur de leur part ; au contraire, le jeune homme était triste, soucieux ; ses regards erraient sans cesse sur la plage que de son lit il apercevait facilement ; il attendait une visite, une seule ! cette visite, il ne la recevait pas ; son cœur se gonflait, les larmes lui venaient aux yeux ; après une longue journée, passée à attendre en vain la venue de cette personne, dont il n’osait prononcer le nom, il se laissait retomber avec désespoir sur ses oreillers, en murmurant à part lui, d’une voix éteinte :

— Peut-être viendra-t-elle demain !

Le lendemain se passait ; rien ; son espoir était de nouveau déçu.

Un jour, pendant quelques instants, une joie immense envahit tout son être.

Trois personnes, suivies à distance par deux valets en riche livrée, marchaient lentement le long de la plage ; évidemment elles se dirigeaient vers la maison de Vent-en-Panne ; puisque celle-ci était isolée de toutes les autres et que la direction prise par les promeneurs, indiquait clairement qu’ils ne pouvaient se rendre autre part.

Ces trois personnes étaient le duc de la Torre, la duchesse et doña Violenta, sa fille.

L’Olonnais suivit d’un œil anxieux les trois promeneurs, jusqu’à ce qu’ils fussent trop rapprochés de la maison, pour qu’il lui fût possible de les voir encore ; alors son regard se riva obstinément sur la porte de sa chambre ; une rougeur fébrile couvrait son visage, le sang en refluant violemment vers le cœur, faisait battre ses artères