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— À quelle heure avez-vous rendez-vous ?

— Au lever du soleil.

— C’est-à-dire à six heures, très-bien ; en partant d’ici à quatre heures et demie, nous arriverons juste à temps ; est-ce tout ce que vous désirez, capitaine ?

— Une chose encore : je n’ai pas de Gelin, ici du moins ; cela me ferait perdre trop de temps, d’aller en chercher un à mon bord.

— C’est juste.

— Tu dois en avoir, toi ?

— Oui, j’en ai cinq ou six ; tous excellents.

— Voilà mon affaire ; je t’en achète un cent piastres ; je compte sur toi pour le choisir.

— Je vous en donnerai un dont vous me ferez compliment, capitaine ; par-dessus le marché j’y joindrai dix charges de poudre et les balles.

— Tu es un brave garçon ; je te remercie ; maintenant réglons nos comptes.

— Rien ne presse, capitaine.

— Pardon ; il se fait tard, je ne serais pas fâché de dormir quelques heures, afin d’être frais et dispos demain ; finissons tout de suite ; quand il nous faudra partir, nous aurons à songer à autre chose.

— Comme il vous plaira, capitaine.

Bothwell prit alors dans une poche de ses chausses, une bourse de soie, à travers les mailles de laquelle brillaient de nombreuses pièces d’or ; il l’ouvrit, en retira sept onces d’or à l’effigie du roi d’Espagne, et les présentant au boucanier :

— Voici cent douze piastres, c’est-à-dire cent pour le Gelin, que tu me vends ; les douze autres sont pour le dérangement que je te cause en te prenant pour guide, le souper que tu m’as servi, et la couverture que tu vas me prêter.

— Mais, capitaine, je ne sais comment vous remercier ; en vérité c’est beaucoup trop.

— Prends, prends, mon vieux camarade, je n’admets pas de refus.