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organise une expédition contre n’importe quoi ; vous suivez bien mon raisonnement ?

— Nous ne perdons pas un mot, capitaine.

— Très-bien ; supposez toujours que ce n’importe quoi, contre lequel est organisée cette expédition, soit un homme, ou si vous le préférez un pays, auquel je m’intéresse ; ceci est possible, n’est-ce pas ?

— Non-seulement possible, mais encore probable ; dit en souriant Chanteperdrix, vous avez tant d’amis, capitaine.

— Le fait est que j’en ai beaucoup. Or cet homme ou ce pays, justement effrayé de ces armements formidables, et voyant son existence menacée, se souvient de mon amitié ; en un mot de l’intérêt que je lui porte.

— Naturellement vous ne voulez pas laisser accabler ceux auxquels vous portez un si tendre intérêt ; vous armez de votre côté, et sans perdre un instant, vous volez au secours de l’homme ou du pays en question.

— Voilà ! dit le boucanier en remplissant son verre ; vous comprenez ? ajouta-t-il après avoir bu.

— Parfaitement, capitaine, mais il me semble que ce que vous nous avez dit précédemment à propos de votre association, doit cadrer assez mal avec le parti que vous prenez.

— Pardon, vous commettez une grave erreur ; ceci n’est pas de ma part acte de flibuste, mais affaire de sentiment ; nous nous trouvons jetés dans deux partis différents, et ce, contre notre volonté ; de même que l’association reconnaît à Vent-en-Panne le droit d’attaquer mes amis, elle me reconnaît à moi, celui de les défendre ; nous n’en sommes pas moins, Vent-en-Panne et moi, l’expédition terminée, les meilleurs amis du monde ; chacun a fait son devoir, voilà tout.

— Ainsi le cas est prévu par vos statuts ?

— Non-seulement il est prévu ; mais encore il s’est présenté plusieurs fois.

— Voilà qui lève tous les doutes. Ainsi…