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riche collection ; ce bandit s’était souillé des crimes les plus effroyables ; abruti par la boisson et les vices les plus honteux, il s’était presque ravalé au niveau de la brute ; pour de l’or il était capable de tout ; ce n’était plus un homme, mais un chacal.

Il introduisit Bothwell dans une salle assez vaste, coquettement meublée, dans laquelle deux hommes assis face à face devant une table couverte des restes d’un copieux repas fumaient en buvant du café et des liqueurs.

Sur un geste de Bothwell, le bandit se retira en refermant la porte derrière lui.

À l’entrée du flibustier, les inconnus interrompirent brusquement leur conversation. Ils posèrent leurs pipes sur la table, se levèrent et semblèrent attendre que Bothwell leur adressa la parole.

Celui-ci demeura un instant immobile, écoutant le bruit des pas du bandit qui s’affaiblissaient de plus en plus ; quand le silence se fut rétabli, il fit deux pas en avant, et saluant courtoisement les deux hommes :

— Sauriez-vous me dire, messieurs, leur demanda-t-il avec une exquise politesse, quel est l’oiseau qui après l’alouette chante le premier dans les sillons ?

— La perdrix ; répondit un des deux hommes en s’inclinant.

— Vous mettriez le comble à votre obligeance, messieurs, s’il vous plaisait de me dire, reprit le flibustier, avec un nouveau salut, quel est le félin, qui, revenu à la vie sauvage, fait les plus grands dégâts dans les bois.

— Le Chat-Tigre ! répondit aussitôt le second inconnu.

Le flibustier s’inclina.

— À présent que nous avons satisfait à vos questions, dit alors un des inconnus, nous permettrez-vous, monsieur, de vous en adresser quelques-unes à notre tour ?

— J’aurais mauvaise grâce de vous refuser, messieurs, après la complaisance que vous avez mise à me répondre, interrogez, je vous prie.

— Vous avez beaucoup voyagé monsieur, pendant