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— Merci, dit joyeusement le bandit, la main toujours ouverte, selon votre habitude ; l’once est la bienvenue, mais si cela vous est égal, capitaine, je la boirai ; j’aurai plus de profit.

— Mais des vêtements ?

— Bah, il fait si chaud !

— C’est juste, dit Bothwell en riant ; eh bien à ton aise, mon brave, je t’ai donné cet argent, donc il est à toi, tu es libre d’en faire ce que tu voudras.

— À la bonne heure ; voilà parler !

— J’avais donné rendez-vous chez toi à deux personnes, sont-elles venues ?

— Oui capitaine ; depuis une demi-heure, elles vous attendent.

— Bon ! je désire ne pas être dérangé ; tu feras le guet au dehors.

— C’est entendu, capitaine ; personne n’entrera, je vous le promets.

— Conduis-moi.

Danican referma la porte, l’assujétit solidement au moyen d’une barre, puis il mit son fusil sous son bras et précéda le flibustier.

Il ne leur fallait que quelques minutes pour traverser le jardin et atteindre la maison dans laquelle on entrait par un perron de trois marches.

Malgré l’apparence sordide et misérable de son propriétaire, car cette maison appartenait à Danican ; dans un jour de veine, il l’avait gagnée au jeu à celui qui l’avait fait construire ; cette maison, disons-nous, était blanche, coquette, bien entretenue, garnie de meubles en parfait état et avait un air honnête tout à fait réjouissant. Dieu sait cependant, si ces murailles avaient pu parler, les horribles récits qu’elles auraient pu faire ; les sinistres histoires dont elles avaient été les témoins discrets et impassibles.

Danican, ou Pied-d’alouette, ainsi qu’on le nommait plus souvent, était peut-être le plus hideux brigand de l’anse au Lamentin, qui cependant en possédait une si