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çais, monsieur, j’ai grâce à Dieu l’honneur d’être Anglais.

— Pardon, monsieur ; interrompit l’Olonnais, je ne comprends rien au commencement de votre explication.

— S’il vous plaît ? fit le boucanier avec une hauteur dédaigneuse.

— Il ne me plaît pas, reprit le jeune homme d’une voix ferme, que vous sembliez devant nous, vous glorifier insolemment de ne pas être Français, quand c’est nous qui devons être fiers au contraire, de ne pas vous avoir pour compatriote.

— Monsieur ! s’écria Bothwell avec violence.

— Silence, monsieur ! Nous ne pouvons, ne le voyez-vous pas, continuer cet entretien devant des dames.

— Soit, monsieur, mais il nous est facile de nous rencontrer ailleurs.

L’Olonnais allait répondre vertement, mais Montbarts l’arrêta d’un geste, et se tournant vers l’Anglais :

— Assez sur ce sujet, Bothwell, lui dit-il d’une voix sévère. Votre conduite est inqualifiable. C’est vous qui avez sollicité de M. de la Torre, l’invitation qui justifie votre présence parmi nous, vous n’êtes venu à ce dîner que dans le but de chercher une querelle.

— Montbarts !

— Ne niez pas ; je le sais. Je sais aussi que cette querelle c’est à Vent-en-Panne, notre ami à tous, que vous la vouliez faire. Vent-en-Panne n’est pas ici, vous avez alors essayé de nous insulter tous ; l’Olonnais a relevé votre défi au moment où j’allais le faire ; tout est bien. Achevez ce que vous aviez commencé à dire à M. de la Torre ; nous vous écoutons tous.

— Soit ! fit-il d’un air goguenard. Je voulais dire, monsieur de la Torre, qu’en ma qualité d’Anglais je me mets en dehors des arrangements que vous avez eu la prudence…

— Voilà encore un mot de trop, dit Montbarts.

— C’est vrai, fit-il en riant, je voulais dire que vous