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Nous connaissons les événements qui suivirent jusqu’au moment où nous sommes arrivés. Nous fermerons donc cette longue parenthèse et nous reprendrons notre récit.

Vers cinq heures ou cinq heures un quart, l’Olonnais et son camarade Pitrians junior dit le Crocodile, auquel il avait donné rendez-vous, sortirent de la maison de Vent-en-Panne, qui les accompagna jusqu’au seuil de sa porte en leur souhaitant bien du plaisir, et se dirigèrent vers la maison habitée provisoirement par le duc de la Torre.

Les deux jeunes gens avaient revêtu leurs costumes de boucaniers ; costumes simples mais très-propres et qu’ils portaient avec cette aisance particulière aux marins et qui relevait leur bonne mine.

En passant devant la taverne de l’Ancre dérapée, Pitrians voulut s’arrêter sous le fallacieux prétexte qu’il avait la gorge sèche, mais en réalité parce que le pauvre garçon avait une peur effroyable. La pensée de se trouver dans une compagnie si fort élevée au-dessus de lui, paralysait toutes ses facultés. Mais heureusement l’Olonnais s’était aperçu de l’état dans lequel se trouvait son camarade ; il le raisonna, réussit à lui rendre un peu de courage et bon gré mal gré le digne garçon continua son chemin.

Le duc de la Torre attendait les deux jeunes gens ; il les reçut de la manière la plus cordiale et les présenta à la duchesse et à sa fille qui, sans doute prévenues, les accueillirent le sourire sur les lèvres, et, par leurs douces paroles et le charmant laisser-aller de leurs façons nullement cérémonieuses, réussirent à vaincre leur timidité et à les mettre parfaitement à leur aise.

Les jeunes gens causèrent ainsi presque sur le ton d’une complète intimité avec le duc pendant près d’une demi-heure. La duchesse et lui les interrogèrent sur leur position actuelle, leurs projets d’avenir, semblant s’intéresser beaucoup à ce qui pouvait leur arriver d’avantageux. Mademoiselle de la Torre ne se mêlait qu’à de