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cette histoire, fut injustement mêlé aux troubles de la Catalogne, auxquels cependant il n’avait pris aucune part, et accusé de haute trahison.

Le duc de la Torre sachant que cette accusation était portée contre lui par le comte-duc d’Olivarès, son ennemi mortel et le tout-puissant ministre du faible Philippe IV, jugea prudent, malgré son innocence bien constatée, de ne pas se livrer aux mains de ses ennemis ; et comme le château qu’il habitait n’était pas éloigné de la frontière française, il n’hésita pas à la franchir, emportant avec lui tout ce qu’il put sauver de sa fortune. Il s’arrêta pendant quelques jours à Perpignan pour y attendre la duchesse et son fils qui le rejoignirent bientôt ; puis il se rendit à Versailles où il reçut l’accueil le plus chaleureux et le plus honorable.

Mais le duc, malgré les avances qui lui furent faites, se tint constamment à l’écart, ne voulant pas prendre parti contre son pays et justifier ainsi les accusations de ses ennemis. Cette conduite porta ses fruits. Quelques années plus tard, sous le règne de Charles II, grâce à l’influence dont jouissait don Juan d’Autriche, frère naturel du roi, l’innocence du duc fut reconnue. Il rentra en Espagne avec tous ses droits et prérogatives.

Sept ou huit ans avant cet heureux événement, le duc avait marié son fils, le comte de Médina del Campo, avec une jeune orpheline puissamment riche et alliée aux premières familles de France. On était alors à la fin de la minorité de Louis XIV.

Le docteur Guénaud, médecin du Cardinal de Mazarin et de la Reine-mère régente du royaume, avait été, à la mort de la comtesse de Manfredi-Labaume, nommé tuteur de sa fille qu’il avait vue naître et pour laquelle il éprouvait une amitié réellement paternelle. La reine et le cardinal s’intéressaient beaucoup à la jeune Sancia qui était admirablement belle et d’une douceur angélique.

Le comte de Médina del Campo n’avait pu voir la jeune fille sans en devenir amoureux. De son côté, Sancia ne semblait pas le voir avec indifférence. De plus,