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vantable, M. de Lartigues fit un geste ; le prévôt coupa la corde.

Les navires orientèrent leurs voiles, mirent le cap en route, et bientôt ils se trouvèrent à plusieurs milles de ces deux cadavres, dont un était plein de vie, et qu’on apercevait à peine dans le sillage, ballottés et roulés capricieusement sur le dos des lames.

M. de Lartigues se retira dans sa cabine, où il resta seul et enfermé jusqu’au lendemain.


VI

OÙ L’OLONNAIS ET PITRIANS APRÈS AVOIR REFUSÉ LES PRÉSENTS D’ARTAXERCÈS, SONT COMBLÉS D’HONNEURS PAR LES PLUS CÉLÈBRES FLIBUSTIERS

Les boucaniers, flibustiers ou frères de la Côte, car ils sont connus sous ces trois dénominations différentes, offrirent au dix-septième siècle aux regards curieux et chercheurs des philosophes, le spectacle le plus extraordinaire qu’il leur fût jamais donné d’étudier.

En effet, jusque-là, l’histoire du monde n’avait jamais présenté l’exemple d’un fait aussi étrange et aussi significatif.

Des hommes appartenant à toutes les races, à tous les pays, professant toutes les religions ; n’ayant entre eux aucun lien apparent de mœurs, de langages ni d’intérêts, viennent de toutes les contrées de la vieille Europe, poussés, comme autrefois Attila, par une volonté plus forte que la leur ; se réunissent sur un rocher ignoré de l’Atlantique et là, sans arrière-pensée, sans parti pris, sans préméditation, sans projets de conquête ou d’asser-