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— Je le jure sur l’honneur ! tous sans exception, monsieur, répondit le duc en saluant la cour.

— Et vous, messieurs ? reprit le commandant en s’adressant aux autres témoins.

— Nous le jurons sur l’honneur ! répondirent-ils d’une seule voix.

— C’est bien. Veuillez reprendre vos places.

M. de Villenomble souriait toujours, en promenant un regard tranquille sur l’assemblée.

Il y eut un court silence, puis le commandant reprit, mais cette fois en s’adressant au prisonnier :

— Vous avez entendu l’accusation portée contre vous, monsieur ; qu’avez-vous à dire pour votre défense ?

— J’ai à dire, mon cher oncle, répondit le comte en haussant dédaigneusement les épaules, que je trouve cette comédie odieusement ridicule.

— Monsieur, reprit sévèrement le commandant, vous n’avez pas de parent ici ; vous comparaissez devant une cour martiale régulièrement convoquée pour y rendre compte d’un crime atroce. Pour la dernière fois, répondez !

Le comte Horace pâlit affreusement, il chancela comme s’il allait tomber ; il eut un éblouissement, il se sentit perdu. Mais appelant tout son orgueil à son secours, il fit un effort suprême, se redressa, passa fiévreusement sa main sur son front moite de sueur, et, frisant sa moustache avec une inexprimable arrogance et un dédain railleur :

— Est-ce bien le frère de ma mère, l’homme qui m’a presque servi de père qui m’interroge ainsi, avec cette dureté ? dit-il en haussant les épaules. Je ne saurais le croire. Je me suis trompé, sans doute ? j’ai mal entendu ?

— Vous avez très-bien entendu, monsieur ; donc, répondez ! reprit le commandant d’une voix sourde.

— Et que répondrez-vous ? vous qui me parlez, s’écria le comte avec véhémence, lorsque ma mère votre