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— Certes. Le crime n’a-t-il pas été commis sur l’un des deux navires dont vous êtes le chef ?

— C’est juste, commandant.

— Retournez tout de suite à votre bord : faites conduire ici les témoins qui ont signé le rapport, leur présence est indispensable. Quant aux deux dames, il est inutile de les faire assister à l’affligeant spectacle d’un conseil de guerre, ce serait de la cruauté. Il vaut mieux qu’elles ignorent ce qui va se passer ; ne le pensez-vous pas ainsi, mon cher capitaine ?

— Je partage absolument votre opinion, commandant.

— Très-bien. N’oubliez pas, en même temps que l’assassin, de faire transporter à mon bord le corps de l’infortuné capitaine Guichard.

— C’est très-simple, commandant. Avant une demi-heure je serai de retour.

— Allez, capitaine ! Tout sera prêt ici.

Vent-en-Panne se leva, salua le commandant, et quitta aussitôt le Robuste.

Tout fut exécuté de point en point, ainsi que cela avait été arrêté entre M. de Lartigues et le capitaine Vent-en-Panne.

Lorsque le célèbre boucanier reparut sur le pont du Robuste, l’aspect du navire avait complétement changé.

L’équipage en armes était réuni sur le pont ; les officiers supérieurs en grand costume, comme pour un combat, se tenaient à l’arrière auprès du commandant de Lartigues.

Les autres officiers de l’état-major, étaient groupés auprès de l’habitacle.

Les témoins se tenaient un peu à l’écart.

Le comte Horace, debout, calme, railleur, quoique un peu pâle, était gardé au pied du grand mât, par une douzaine de soldats de marine, commandés par un officier.

Le corps du capitaine Guichard, posé sur une civière,