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— Un rapport a été fait ?

— Oui, commandant, par l’écrivain du navire ; mais ce rapport je ne l’ai pas lu ; je vous l’ai apporté ; pensant que cette affaire devait vous regarder seul, en votre qualité d’officier commandant un vaisseau du roi.

— Vous avez eu raison, capitaine. Tout crime, commis à bord d’un bâtiment de commerce, doit être jugé par une cour martiale formée à bord du navire de guerre qui se trouve sur les lieux, au moment du crime, et présidée par son commandant. Les ordonnances sont positives.

— Je l’ai ainsi pensé, commandant ; voici pourquoi je suis venu en toute hâte ; s’il se fût agi d’une affaire entre flibustiers, rien n’aurait été plus simple ; je l’aurais arrangée à la boucanière.

— Oui, fit M. de Lartigues en souriant, je connais vos moyens, ils sont expéditifs.

— Eh ! eh ! commandant, ce sont parfois les meilleurs.

— Je ne dis pas non, capitaine. Vous avez le rapport ?

— Le voici, commandant.

Il le retira de son pourpoint et le présenta à M. de Lartigues.

Celui-ci déplia le papier et lut les signatures.

— Comment ! s’écria-t-il avec surprise, M. le duc de la Torre se trouve en ce moment à bord du bâtiment de la Compagnie ?

— Oui, commandant, ainsi que madame la duchesse et sa fille.

— Voilà qui est singulier ! Un grand d’Espagne sur un navire français !

— Je n’en sais pas plus long, commandant. Je n’ai pas encore eu l’honneur de voir M. le duc de la Torre. Je me souviens seulement que le pauvre capitaine Guichard m’a dit avoir embarqué à Dieppe le duc et sa famille par ordre de M. de Colbert.

— Peu importe, au reste, ponctua M. de Lartigues.