Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Que me voulez-vous, monsieur ? lui demanda-t-il en se rapprochant.

— Veuillez m’excuser de troubler ainsi vos méditations, monsieur, répondit le comte d’une voix légèrement railleuse, j’ai plusieurs fois interrogé les matelots qui me gardent ; ils ont refusé de me répondre.

— C’est que probablement leur consigne le leur défend.

— Non ; dit un des boucaniers, espèce de colosse haut de près de six pieds et taillé à l’avenant, il nous ennuie.

— Drôle ! fit le comte.

— Pas d’épithètes injurieuses, mon chérubin ? reprit le boucanier en ricanant, ou foi de Tributor qui est mon nom, je tape, et j’ai la main lourde.

L’Olonnais fit un signe au géant et s’adressant de nouveau au comte :

— Que désirez-vous ? lui dit-il.

— Un simple renseignement. Est-ce trop attendre de votre politesse ?

— Peut-être ! Quel est ce renseignement ?

— J’ai cru reconnaître le vaisseau en travers à une encâblure de nous, mais comme je puis me tromper je désire savoir son nom ?

— Ce bâtiment est le vaisseau de quatrième rang, le Robuste.

— J’en étais sûr, murmura le comte avec un tressaillement nerveux. Et le nom de son commandant, le savez-vous ?

— Oui, je l’ai entendu par hasard, il y a un instant.

— Quel est-il ? fit l’officier avec une certaine vivacité.

— M. le comte de Lartigues.

— Ah ! s’écria-t-il avec un ricanement joyeux, il paraît que le démon ne m’abandonne pas encore !

— Que voulez-vous dire ?

— Rien ; sinon que M. de Lartigues est mon proche parent ; comprenez-vous ? reprit-il avec ironie.