Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cessé d’être favorable. Les bras, les écoutes et les amures, semblaient amarrés à demeure sur les taquets ; ainsi que les matelots disaient entre eux en riant.

On approchait rapidement de Saint-Domingue ; encore sept ou huit jours au plus et le Coq laisserait tomber son ancre sur la rade de Port-de-Paix, dans la partie française de l’île.

Le comte Horace de Villenomble redoublait de prudence ; mais en même temps, ses assiduités auprès de M. le duc de la Torre devenaient plus sérieuses ; sachant l’influence dont jouissait le vice-roi du Pérou, connaissant ses liens nombreux de parenté, avec les premières familles du royaume ; le crédit qu’il possédait à Versailles, malgré sa qualité d’Espagnol ; le comte Horace s’était présenté à lui comme une victime de l’envie, poursuivi par des ennemis puissants, qui avaient réussi à le noircir auprès de M. de Colbert, le tout-puissant ministre du roi Louis XIV, dont la haine implacable avait brisé sa carrière, en le contraignant à donner sa démission ; l’obligeant ainsi à végéter honteusement dans les grades inférieurs, à bord de bâtiments de commerce ; confondu avec des gens qui n’étant ni de son rang ni de sa caste, le considéraient comme un ennemi, et par conséquent, poussés par leur haine implacable contre la noblesse, essayaient eux aussi de lui nuire.

M. le duc de la Torre, ému malgré lui, par le récit souvent répété de ces malheurs imaginaires, s’était intéressé à la situation précaire de ce jeune homme, placé dans une situation si au-dessous de sa naissance ; il lui avait promis, bien que la guerre fût déclarée entre la France et l’Espagne, d’intercéder auprès du ministre ; et d’employer toute l’influence dont ses parents ou ses amis disposaient à Versailles, pour que justice lui fût rendue, et qu’il fût replacé dans la marine royale, dans des conditions plus en rapport avec le nom honorable qu’il portait.

Les choses en étaient à ce point ; le comte Horace se