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résultat de fatiguer énormément les soldats en les obligeant à des marches et à des contre-marches continuelles, et jeta parmi eux le découragement et la démoralisation en les contraignant à lutter contre un ennemi insaisissable, qu’ils savaient être partout sans parvenir à le rencontrer nulle part.

La position devenait de plus en plus critique. Ces hommes mis hors de la loi, flétris des épithètes de bandits, de rôdeurs de frontières et de francs tireurs, que l’on affectait de confondre avec les scélérats sans aveu qui pullulent dans ces contrées et qu’on s’obstinait à traiter comme tels, ne leur accordant pas de quartier et les fusillant sans jugement partout où on pouvait les saisir ; ces hommes disciplinés maintenant, aguerris et forts de l’appui moral de leurs concitoyens qui applaudissaient à leurs succès et faisaient des vœux pour leur réussite, avaient hautement levé le drapeau de l’indépendance texienne, et dans maintes rencontres, après avoir décimé les troupes envoyées contre eux, les avaient forcées à les reconnaître comme les défenseurs avoués d’une cause honorable.

Parmi les nombreux généraux de la république, le président choisit enfin le seul homme capable de réparer les échecs successifs subis par le gouvernement. Le général don José-Maria Rubio fut investi du commandement en chef des troupes chargées d’opérer contre le Texas.

Ce choix était des plus heureux ; le général, homme loyal et brave soldat, n’était pas capable de se vendre, quelque cher qu’on voulût l’acheter. On n’avait donc pas à redouter avec lui une trahison, devant laquelle d’autres, moins susceptibles que lui