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LES FRANCS TIREURS.

vements, bien qu’il affectât la confiance la plus entière.

Quant à fray Antonio, à certains signes qui ne trompent pas les hommes habitués aux ruses indiennes, il avait compris que le moment d’agir vigoureusement approchait rapidement, et tout en continuant à feindre la plus complète indifférence pour l’entretien auquel il assistait, il avait tout doucement dégagé ses pistolets de dessous ses vêtements, et il les tenait tout armés à la main, prêt à s’en servir à la première alerte.

La situation était des plus tendues entre les deux interlocuteurs ; chacun se préparait à la lutte, bien que les visages fussent toujours calmes, la voix douce et les paroles de plus en plus mielleuses.

— Si, reprit Tranquille, sans manifester la moindre émotion, nous nous quitterons ainsi, chef, et Dieu veuille que nous ne nous retrouvions plus face à face.

— Avant de nous séparer, le chasseur répondra à une question.

— À aucune, cette entrevue n’a que trop longtemps duré. Adieu.

Et il fit un pas en arrière.

Le sachem tendit le bras en ayant comme pour l’arrêter.

— Un mot, dit-il.

— Rien, reprit le Canadien.

— Meurs donc, misérable chien, face pâle, s’écria le chef en jetant enfin le masque, et levant son casse-tête, par un mouvement d’une rapidité extrême.

Mais au même instant un homme surgit comme