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LES FRANCS TIREURS.

perce les ténèbres les plus épaisses ; il a beau regarder, il ne voit rien.

— C’est que probablement vous ne regardez pas du bon côté, voilà tout.

— Que mon père s’explique, le Renard-Bleu veut savoir comment son ami pâle s’est acquitté de la mission que le sachem lui avait confiée.

— J’ai tiré le meilleur parti possible de ma rencontre avec le chasseur, afin d’accomplir les ordres que j’avais reçus.

— Que mon père me pardonne, je ne suis qu’un pauvre Indien sans intelligence ; il faut me répéter plusieurs fois les choses pour que je les comprenne. Le grand chasseur pâle viendra-t-il ?

— Oui.

— Quand ?

— Tout de suite.

— Comment, tout de suite ? Où est-il donc ?

— Je l’ai laissé là-bas à l’entrée du couvert. Il attend le chef.

Le Renard-Bleu frémit à cette parole. Il fixa sur le moine un regard qui sembla vouloir fouiller les plus cachés replis de son cœur.

— Pourquoi n’a-t-il pas jusqu’ici accompagné mon père ? dit-il.

Le moine prit la physionomie la plus naïve qu’il lui fut possible.

— Ma foi, je ne sais pas, répondit-il, mais qu’importe ?

— On est mieux dans la prairie pour causer.

— Vous croyez ? c’est possible. Pour moi, je ne vois guère de différence à causer ici ou là-bas.

Cela fut dit si insouciamment en apparence, que,