hâte de prouver aux chasseurs qu’il était digne de la confiance qu’ils lui accordaient ; et si parfois la pensée des dangers auxquels il s’exposait traversait son esprit, il la chassait bien loin, résolu à risquer sa vie même s’il le fallait pour sauver doña Carméla et l’empêcher de tomber entre les mains des cruels ennemis qui convoitaient sournoisement sa possession.
Fray Antonio avait à peine fait cinq cents pas hors de la forêt, lorsque tout à coup un homme surgit d’un buisson et lui barra le passage.
Le moine retint avec peine un cri de frayeur à cette apparition imprévue, et il se rejeta vivement en arrière.
Mais reprenant immédiatement son sang-froid, il se prépara à soutenir le choc terrible qui, sans doute, le menaçait, car il avait du premier coup d’œil reconnu le Renard-Bleu.
Le chef l’examina un instant en silence, fixant sur lui son œil noir et profond avec une expression de soupçon qui n’échappa pas au moine.
— Mon père a bien tardé, lui dit-il enfin d’une voix sourde.
— Le moins que j’ai pu, répondit fray Antonio.
— Ooah ! mon père revient seul, le grand guerrier pâle a eu peur, il n’a pas osé accompagner mon père.
— Vous vous trompez, chef, celui que vous nommez le grand chasseur pâle, et que moi j’appelle Tranquille, n’a pas eu peur et n’a pas refusé de m’accompagner.
— Och ! le Renard-Bleu est un sachem, sa vue