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est toujours demeuré bon comme lorsqu’il était jeune.

En ce moment, les dormeurs s’éveillèrent.

— Eh ! eh ! fit gaiement le Cœur-Loyal en jetant un regard vers le soleil, j’ai dormi bien tard.

— Le fait est, observa Lanzi, que je ne suis guère matinal non plus ; mais bah ! je rattraperai cela. Je vais faire boire les chevaux : les pauvres bêtes doivent avoir soif.

— C’est cela, dit Tranquille, pendant ce temps-là le déjeuner finira de cuire.

Lanzi se leva, monta sur son cheval, prit en main les autres par le lazo et s’éloigna dans la direction de la rivière, sans faire de question au sujet des étrangers.

Dans la prairie il en est ainsi, un hôte est un envoyé de Dieu dont la présence ne doit éveiller aucune curiosité.

Cependant le Cœur-Loyal s’était levé, lui aussi ; tout à coup son regard tomba sur le chef indien, dont l’œil froid était fixé sur lui ; le jeune homme devint subitement pâle comme un cadavre, et s’approchant précipitamment du chef :

— Ma mère ? s’écria-t-il d’une voix entrecoupée par l’émotion, ma mère ?

Il ne put en dire davantage ; le Pawnée le salua gracieusement.

— La mère de mon frère est toujours l’enfant chérie du Wacondah, répondit-il d’une voix douce, son cœur ne souffre que de l’absence de son fils.

— Merci, chef, dit le jeune homme avec un soupir de soulagement, pardonnez-moi ce mouvement d’effroi que je n’ai pu dominer, mais en vous apercevant, j’ai redouté qu’il ne fût arrivé un malheur.