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Nul ne savait qui ils étaient ni d’où ils venaient.

Valentin et son ami gardaient le plus profond silence sur les événements de leur vie, qui avaient précédé leur apparition dans ces contrées.

Une seule chose avait trahi la nationalité de Valentin, que son compagnon nommait Koutonopi, mot appartenant à la langue des Indiens Aucas, et qui signifie le Vaillant ; sur sa poitrine, le chasseur portait une croix de la Légion d’honneur.

Les prouesses en tous genres exécutées par ces chasseurs étaient incalculables, leurs récits faisaient les délices des habitants des frontières pendant les nuits de bivac ; le nombre de tigres qu’ils avaient tués ne se comptait plus.

Le hasard les avait un jour placés face à face avec don Miguel de Zarate, dans une circonstance étrange, et depuis s’était établie entre eux une suite non interrompue de bons rapports.

En un mot, don Miguel, pendant une nuit de tempête, n’avait dû la vie qu’à la sûreté du coup d’œil de Valentin qui, d’une balle dans la tête, avait foudroyé le cheval du Mexicain au moment où, fou de terreur, n’obéissant plus ni à la voix, ni à la bride, il entraînait irrésistiblement son cavalier vers un gouffre immense, au fond duquel il était sur le point de se précipiter et de disparaître avec lui.

Don Miguel avait juré une reconnaissance éternelle à son sauveur.

Valentin et Curumilla s’étaient faits les précepteurs des enfants de l’hacendero, qui, de leur côté, avaient pris les deux chasseurs en profonde amitié.

Souvent don Pablo avait, en compagnie de ses deux amis, fait de longues chasses dans les prairies.