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Ceux-ci se rangèrent sur une seule ligne et occupèrent toute la largeur du sentier.

— Au nom de la loi ! s’écria le juge avec énergie en désignant le vieillard, alguazils, emparez-vous de cet homme.

Mais, ainsi que cela arrive souvent en pareille circonstance, cet ordre était plus facile à donner qu’à exécuter.

Cèdre-Rouge et ses fils ne paraissaient nullement disposés à se laisser mettre la main au collet.

Nous devons rendre aux alguazils cette justice d’avouer qu’ils n’hésitèrent pas un instant ; ils refusèrent net d’exécuter l’ordre qu’ils avaient reçu.

— Pour la dernière fois, voulez-vous décamper, by God ! s’écria le squatter ; en joue, mille diables !

Ses trois fils épaulèrent leurs rifles.

À ce mouvement, qui levait tous les doutes qui pouvaient encore leur rester dans l’esprit et qui leur prouvait que les squatters n’hésiteraient pas à se porter aux dernières extrémités, les alguazils furent saisis d’une terreur invincible, ils tournèrent bride et s’enfuirent au galop, poursuivis par les huées des Américains.

Un seul homme était resté immobile en face des squatters.

Cet homme était don Miguel Zarate. Le Cèdre-Rouge ne l’avait pas reconnu, soit à cause de la distance qui les séparait, soit parce que l’hacendero avait à dessein, sans doute, rabattu sur les yeux les larges ailes de son chapeau.

Don Miguel mit pied à terre, passa à sa ceinture les pistolets qui étaient dans ses fontes, attacha son cheval à un arbre, et, jetant froidement son rifle sur