Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/452

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans que rien fût venu justifier leurs craintes ; un calme solennel continuait à régner autour d’eux. Peu à peu leurs appréhensions se dissipèrent ; ils commençaient à causer à voix basse et à rire de leurs terreurs passées lorsqu’ils arrivèrent sur les bords du del Norte, au rado ou gué del Toro.

Dans l’intérieur de l’Amérique du Sud et particulièrement dans le Nouveau-Mexique, pays presque encore inconnu aujourd’hui, les voies de communication sont nulles, et par conséquent le système des ponts complètement négligé.

Il n’existe que deux moyens de traverser les rivières, même les plus larges : chercher un gué, ou, si l’on est trop pressé, lancer son cheval dans le courant souvent fort rapide, et tâcher d’atteindre l’autre rive à la nage.

Le squatter avait choisi le premier moyen : il avait cherché le gué, ce qui n’était pas difficile ; un seul existait à vingt lieues à la ronde, celui del Toro.

Bon gré, mal gré, au risque de ce qui pouvait lui arriver, le squatter avait été forcé de le prendre pour ne pas s’exposer à un trop long détour.

En quelques minutes toute la troupe fut dans l’eau.

Bien que le terrain du gué offrît souvent des inégalités, et que parfois les chevaux eussent de l’eau jusqu’au poitrail et fussent obligés de se mettre à la nage, tous les cavaliers passèrent sans accident.

Il ne restait plus sur la rive que le Cèdre-Rouge, la Plume-d’Aigle qui lui servait de guide, doña Clara et Andrès Garote.

Le moine avait passé avec les premiers gambusinos.

— À nous maintenant, Cœur-de-Pierre, fit Cèdre-Rouge en s’adressant à la Plume-d’Aigle ; vous voyez