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fille et du moine qui, malgré les divers incidents de ces derniers jours, avait repris toute sa bonne humeur, grâce sans doute à l’honorable compagnie dans laquelle il se trouvait et au monté, cette passion invétérée de tout bon Mexicain.

La porte fermée avec soin, doña Clara fut placée sur un cheval ; Andrès et le moine montèrent chacun sur un autre, et abandonnant sa maison à la garde problématique de la Providence, le gambusino donna le signal du départ, suivi de ses deux compagnons.

Il fit un détour pour éviter de traverser le presidio et se dirigea au galop du côté du Cerro-Prieto.

Le Cèdre-Rouge avait mis le temps à profit, tout était prêt pour le départ. Les nouveaux venus ne descendirent même pas de cheval ; dès qu’on les aperçut, la caravane, composée, ainsi que nous l’avons dit plus haut, de cent et quelques hommes déterminés, après s’être formée en file indienne, s’ébranla dans la direction des prairies, non sans avoir d’abord prudemment détaché sur ses flancs deux éclaireurs chargés de surveiller les environs.

Rien n’est triste comme une marche de nuit dans un pays inconnu, semé d’embûches de toutes sortes ; où, à chaque instant, on craint de voir s’élancer de derrière les buissons l’ennemi qui vous guette au passage.

Aussi la troupe des gambusinos, inquiète et tressaillant au moindre froissement de feuilles, s’avançait-elle silencieuse et morne, les yeux fixés sur les halliers touffus qui bordaient le chemin, le rifle en avant, l’œil au guet, et prête à tirer au plus léger mouvement suspect.

Cependant ils marchaient déjà depuis trois heures