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aurait laissé un Indien pour les guider auprès de lui.

Il ne fut nullement surpris de les voir.

Du plus loin qu’il les aperçut il s’avança vers eux, suivi par don Pablo et le missionnaire, tandis que de leur côté l’hacendero et le général pressaient le pas de leurs montures afin de les joindre plus tôt.

L’entrevue fut ce qu’elle devait être entre le père et le fils, Valentin et ses amis.

Tous ces hommes, à l’âme fortement trempée, au cœur grand et généreux, oublièrent un instant la douleur qui les accablait pour être tout, et sans arrière-pensée, au bonheur de se voir réunis.

Quelques heures s’écoulèrent ainsi en causeries tristes et douces, dont la pauvre enfant qui avait été si audacieusement enlevée fit tous les frais.

Valentin dressa, avec ses amis, un plan d’excursion qu’il allait tenter à la recherche de la jeune fille, plan dont la hardiesse aurait fait frémir l’homme de nos pays le plus résolu ; mais les cinq aventuriers qui allaient le mettre à exécution ne redoutaient aucun des dangers mystérieux du désert qu’ils allaient affronter, et ils ne connaissaient pas la crainte.

Nous disons cinq, parce que le père Séraphin avait fait ses adieux à ses amis et était allé rejoindre l’Unicorne, avec lequel il voulait pénétrer dans les villages comanches, afin d’y répandre les lumières de l’Évangile.

Cependant il ne désespérait pas de retrouver ses amis dans les prairies, où lui-même allait se rendre.

Vers le soir, Curumilla arriva. L’araucan était couvert de poussière, son visage était inondé de sueur.

Sans prononcer une parole, il s’assit devant le feu,