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salua courtoisement les deux hommes et se hâta de rentrer dans l’intérieur du palais, heureux d’en être quitte à si bon compte et de ne pas avoir été forcé de déchirer lui-même le manteau de générosité dont il avait fait parade aux yeux de ses prisonniers.

— Que pensez-vous de tout cela ? demanda l’hacendero à son ami.

— Hum ! murmura le général Ibañez, la conduite du gouverneur me semble assez louche. C’est égal, nous voilà libres. Je vous avouerai, mon ami, que je ne serais pas fâché de m’éloigner un peu de ce pays, dont l’air me semble, malgré les protestations du général Ventura, assez malsain pour nous.

En ce moment, et avant que don Miguel pût lui répondre, le général sentit qu’on lui touchait légèrement le bras.

Il se retourna.

Curumilla était devant lui le visage souriant.

Don Miguel et le général étouffèrent un cri de joie à la vue du brave et excellent Indien.

— Venez, leur dit-il laconiquement.

Ils le suivirent assez difficilement à travers les flots pressés de la foule qui les accompagnait avec des cris et des vivats, et à laquelle ils étaient contraints de parler et d’adresser des remercîments.

Arrivés dans une petite rue située près de la place, et qui était presque déserte, Curumilla les conduisit à une maison devant laquelle il s’arrêta.

— C’est ici, dit-il en frappant deux coups.

La porte s’ouvrit.

Ils entrèrent dans la cour. Trois chevaux tout sellés les attendaient tenus en bride par un peon.

Les trois hommes se mirent en selle.