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monde la place qui vous appartient. Je ne vous poserai aucune condition ; vous êtes libres purement et simplement. Voici les pièces de votre procès, les preuves qui avaient été fournies contre vous ; prenez tout cela, détruisez-le, et agréez mes sincères excuses pour tout ce qui s’est passé.

En disant ces mots, le gouverneur tira de sa poitrine une énorme liasse de papiers qu’il tendit à don Miguel. Celui-ci la repoussa de la main avec dégoût ; mais le général Ibañez, moins scrupuleux ou plus adroit, s’en empara vivement, y jeta les yeux pour s’assurer que le gouverneur ne le trompait pas, et la jeta dans le brasero placé au milieu de la chambre.

En moins de cinq minutes tout ce grimoire indigeste fut consumé.

Le général Ibañez le regarda brûler avec un certain plaisir ; désormais il était bien réellement libre.

— Je vous attends, messieurs, dit le gouverneur.

— Un mot encore, s’il vous plaît, dit l’hacendero.

— Parlez, monsieur, je vous écoute.

— En sortant de prison, où devons-nous nous rendre ?

— Où vous voudrez, messieurs. Je vous répète que vous êtes entièrement libres, vous agirez comme vous le jugerez convenable ; je ne vous demande même pas votre parole d’honneur de ne plus conspirer.

— Bien, monsieur, fit don Miguel en tendant la main au général Ventura, votre procédé me touche ; merci !

Le général rougit.

— Venez, venez, dit-il pour cacher son embarras, à cet éloge si peu mérité.

Les deux prisonniers n’hésitèrent plus à le suivre.