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— Sans doute, appuya le général Ibañez ; encore faut-il que ces conditions nous conviennent ; vous sentez bien, cher monsieur, que nous ne pouvons sortir d’ici sans savoir ni pourquoi ni comment. Viva Cristo ! nous ne sommes pas des malotrus dont on se débarrasse de cette façon ; il faut que nous sachions si nous devons accepter les propositions que vous venez nous faire.

Le général a raison, monsieur, dit à son tour l’hacendero ; le soin de notre honneur ne nous permet pas d’accepter une liberté qui pourrait l’entacher ; nous ne sortirons donc d’ici que lorsque vous vous serez expliqué.

Le gouverneur ne savait plus du tout où il en était ; jamais il n’avait eu affaire à des prisonniers si récalcitrants. Il se creusait en vain la tête pour deviner comment il se faisait que des hommes condamnés à mort refusaient si péremptoirement la liberté.

Ses idées étaient trop étroites, son cœur trop lâche pour comprendre ce qu’il y avait de grand et de noble dans la détermination de ces deux hommes qui préféraient une mort honorable à une vie flétrie qu’ils n’auraient due qu’à la pitié de leurs juges.

Cependant il fallait les décider à sortir, le temps s’écoulait rapidement et l’obstination des prisonniers pouvait tout compromettre.

Le général Ventura prit bravement son parti et s’exécuta sans plus tarder.

— Messieurs, dit-il avec une feinte admiration, je comprends tout ce que vos scrupules ont de noble, je suis heureux de voir que je ne me suis pas trompé sur la grandeur de votre caractère ; vous pouvez en toute sécurité quitter cette prison et reprendre dans le