Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/417

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puertas !… cierra puertas !… (Fermez les portes !… fermez les portes !…) vola en un instant de bouche en bouche et s’étendit d’un bout de la ville à l’autre.

En quelques secondes les rues furent complétement désertes.

Les Indiens ne s’émurent nullement de cette réception peu amicale à laquelle, d’après les rapports qui de temps immémorial existent entre eux et les Espagnols, ils devaient s’attendre.

Ils furent, au contraire, flattés de la terreur qu’ils inspiraient, et traversèrent la ville dans le plus bel ordre sans s’inquiéter le moins du monde de l’impression bonne ou mauvaise qu’ils produisaient sur les habitants.

Lorsqu’ils furent arrivés sur la plaza Mayor en face du cabildo, ils firent halte.

Sur un ordre de l’Unicorne, les prisonniers furent complétement dépouillés de leurs vêtements et placés à quelque distance en avant du premier rang des guerriers, chacun d’eux ayant à son côté un Indien armé de pied en cap prêt, au moindre signe de l’Unicorne, à les massacrer sans pitié.

Lorsque ces préparatifs furent terminés et que les Comanches eurent posé des sentinelles à chaque angle des rues aboutissant à la place, afin de ne pas être pris à revers et cernés par les Espagnols, si par hasard ils avaient envie d’en venir aux mains, l’Araignée, ce chef qui déjà avait rempli l’office de parlementaire, s’avança en caracolant vers la porte du palais et demanda à parler au gouverneur.

L’officier de garde, qui n’était autre que don Lopez, pria poliment le guerrier indien d’attendre quelques in-