Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/416

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’herbe, fouilla dans ses alforjas et en tira quelques modestes provisions qu’il étala devant eux.

— Mangez, leur dit-il, nous ne savons pas ce qui nous attend dans quelques heures, il nous faut prendre des forces ; puis, lorsque vous aurez satisfait votre appétit, vous me raconterez l’enlèvement de doña Clara dans tous ses détails ; j’ai besoin de tout savoir.

Valentin, comme tous les hommes d’action, quelle que fût la douleur qui l’accablât, le malheur qui l’assaillît, n’oubliait jamais de manger, qu’il eût ou qu’il n’eût pas faim. Il avait érigé en axiome que le corps a besoin d’être nourri, afin que l’esprit soit prompt et dispos. Du reste, jamais il ne s’était mal trouvé de ce régime.

Mais ses deux convives, dont la nature et l’organisation étaient complétement opposées à la sienne, ne purent parvenir, malgré tous leurs efforts, à avaler une bouchée et furent obligés d’y renoncer au grand regret de Valentin.

Lorsque le chasseur vit qu’il leur était imposible de manger, il renferma ses provisions, alluma son calumet indien et se prépara à écouter, avec toute l’attention voulue, le récit qu’il leur avait demandé.

Nous laisserons les trois hommes causer entre eux et nous rejoindrons les Comanches de l’Unicorne.

Ainsi que nous l’avons dit plus haut, les Indiens, après leur première visite à la ville, s’étaient retirés pour camper à peu de distance.

Le trajet qu’ils avaient à faire pour retourner à Santa-Fé était court, il fut bientôt franchi.

Comme la veille, dès que les habitants aperçurent les Comanches, ce fut un sauve-qui-peut général ; chacun se renferma chez soi, et le cri de : Cierra