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— Un instant, s’écria le général dont les traits s’étaient subitement rembrunis ; quel est ce soldat ?

— Un dragon, je crois.

— Un dragon !… qu’il entre ! qu’il entre ! Que le bon Dieu vous bénisse, avec toutes vos circonlocutions !… Cet homme m’apporte sans doute la nouvelle de l’arrivée du régiment que j’attends et qui devrait déjà être ici.

Le capitaine haussa les épaules d’un air de doute.

— Qu’est-ce encore ? s’écria le général, que cette pantomime expressive du capitaine effrayait au suprême degré, que voulez-vous dire ?

— Rien, sinon que ce soldat a l’air bien triste pour être porteur d’une aussi bonne nouvelle.

— Nous saurons bientôt à quoi nous en tenir ; faites-le entrer.

— C’est juste, dit le capitaine.

Et il sortit.

Pendant ce qui précède, le général s’était vivement jeté hors du lit et s’était habillé avec cette promptitude particulière aux militaires.

Il attendit avec anxiété l’apparition du soldat que le capitaine lui avait annoncé.

En vain il cherchait à se persuader que don Lopez s’était trompé et que cet homme était chargé de lui annoncer l’arrivée du régiment qu’il attendait ; malgré lui, au fond de son esprit régnait une inquiétude dont il ne pouvait se rendre compte, mais que rien ne parvenait à dissiper.

Quelques instants se passèrent ainsi dans une inquiétude fébrile.

Tout à coup un grand bruit se fit entendre sur la plaza Mayor ; le général s’approcha rapidement d’une fenêtre, souleva un rideau et regarda.