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L’Indien sourit à cette boutade, mais sans répondre.

— Que mon frère parle, reprit Valentin, il n’est entouré que d’amis.

— Je le sais, répondit le chef en saluant gracieusement les assistants. Depuis que j’ai quitté mon frère, près de deux lunes se sont écoulées ; j’ai usé bien des moksens aux épines et aux ronces des déserts ; je suis allé par delà les grands lacs dans les villages de ma nation.

— Bon ; mon frère est un chef, il a sans doute été bien reçu par les sachems des Coras des grands lacs.

— Mookapee est un guerrier renommé parmi les siens, répondit fièrement l’Indien ; sa place est marquée au feu du conseil de sa nation. Les chefs l’ont vu avec joie ; il avait, sur sa route, enlevé sept chevelures aux Gachupines ; elles sèchent maintenant devant la grande case de médecine.

— C’est votre droit d’agir ainsi, chef, je ne puis vous blâmer ; les Espagnols vous ont fait assez de mal pour que vous leur en fassiez à votre tour.

— Mon frère parle bien ; sa peau est blanche, mais son cœur est rouge.

— Hum ! fit Valentin, je suis ami de la justice ; la vengeance est permise contre la trahison. Continuez, chef.

Les compagnons du chasseur s’étaient rapprochés et faisaient cercle autour des deux hommes.

Curumilla s’occupait silencieusement, suivant son habitude, à déshabiller complétement chaque prisonnier espagnol, qu’il attachait ensuite de façon à ce qu’il lui fût impossible de faire un geste.

Valentin, bien que le temps pressât, connaissait trop bien le caractère des Peaux Rouges pour chercher à hâter la confidence de la Plume-d’Aigle. Il se doutait