Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/380

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Eh ! fit vivement le moine en interrompant le Cèdre-Rouge, cet homme est un prêtre devant lequel vous-même vous vous êtes incliné déjà bien des fois.

— Moi !

— Vous.

— Vous vous moquez, señor padre, s’écria le squatter avec emportement.

— Pas le moins du monde. Quiconque se serait présenté à sa place, je lui aurais résisté ; mais, moi aussi, j’appartiens à l’Église : le père Séraphin est mon supérieur, j’ai dû lui obéir.

— Le père Séraphin ! répéta le squatter en fronçant le sourcil. Ah ! ah ! il n’est donc pas mort ?

— Il paraît, fit ironiquement le moine, que ceux que vous tuez se portent tous assez bien, Cèdre-Rouge.

À cette insinuation qui se rapportait à la mort supposée de don Pablo, le squatter réprima une exclamation de colère et ferma les poings avec rage.

— Bon ! fit-il, si je ne tue pas toujours, je sais prendre ma revanche. Dans quel endroit se trouve doña Clara en ce moment ?

— Dans une maison qui n’est pas fort éloignée, répondit Nathan.

— Tu l’as vue ? demanda le squatter.

— Non, mais j’ai suivi à la piste don Pablo et le missionnaire français jusqu’à cette maison, où ils sont entrés, et comme ils ignoraient que je fusse si près d’eux, leur conversation ne m’a laissé aucun doute sur la présence de la jeune fille.

Un sourire sinistre éclaira pour une seconde le visage du vieux bandit.

— Bon ! fit-il, puisque la colombe est dans son nid, nous la trouverons. Quelle heure est-il ?