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— Ou sur la vôtre.

Les deux adversaires firent chacun un pas en arrière et se trouvèrent en garde, le couteau à la main, le manteau roulé autour du bras gauche.

La lune, voilée par les nuages, ne répandait aucune lumière. L’obscurité était complète ; minuit sonna à la cathédrale ; les voix des serenos chantant l’heure se fit entendre dans le lointain, annonçant que tout était tranquille.

Il y eut une minute d’arrêt employée par les deux adversaires à se surveiller attentivement.

Tout à coup Nathan poussa un cri sourd, se lança sur son ennemi en brandissant son couteau et en lui portant son manteau au visage, afin de le dérouter.

L’inconnu para le coup qui lui était adressé et riposta par un autre qui fut paré aussi promptement.

Les deux hommes se prirent corps à corps.

Pendant quelques minutes, ils luttèrent ainsi pour se renverser sans prononcer une parole.

Enfin l’inconnu roula sur le sol en poussant un soupir ; le poignard de Nathan s’était enfoncé dans sa poitrine.

L’Américain se redressa avec un cri de triomphe.

Son ennemi était immobile.

— L’aurais-je donc tué ? murmura Nathan.

Il replaça son poignard dans sa botte vaquera et se pencha sur le corps du blessé.

Mais soudain il se releva avec un cri de terreur ; il avait reconnu Schaw, son frère.

— Que faire à présent ? dit-il. Bah ! ajouta-t-il avec insouciance, tant pis pour lui ; pourquoi s’est-il jeté sur mon passage ?

Et, laissant là le corps du jeune homme qui ne donnait pas signe de vie :