Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/373

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cine de ses cheveux, le sang lui affluait au cœur ; en un mot, il avait peur.

Il savait que si ces hommes, ses ennemis mortels, le découvraient, ils seraient sans pitié pour lui et le tueraient comme un chien.

Mais cette appréhension n’eut que la durée d’un éclair ; l’Unicorne laissa retomber nonchalamment le rideau de verdure en disant à ses amis ce seul mot :

— Rien.

Ceux-ci reprirent leur route.

— C’est égal, fit Valentin, je ne sais pourquoi je me figure que quelqu’un est caché là.

— Non, répondit le chef, il n’y a personne.

— Enfin, à la grâce de Dieu ! murmura le chasseur en hochant la tête.

Les trois hommes continuèrent leur chemin.

Dès qu’il fut seul, Nathan respira avec force à deux ou trois reprises, et s’élança à la poursuite de don Pablo et du missionnaire.

Il les eut bientôt atteints.

Ceux-ci ne se croyaient pas suivis ; ils causaient entre eux sans défiance.

Dans l’Amérique espagnole, où les jours sont si chauds et les nuits si fraîches, les habitants, renfermés chez eux tant que le soleil calcine la terre sous l’ardeur de ses chauds rayons, sortent, dès que la nuit est tombée, afin de respirer un peu d’air frais ; les rues, désertes à cause de la chaleur, se peuplent peu à peu, des nattes sont placées devant les portes, on s’étend pour fumer et causer, boire de l’orangeade, pincer de la guitare et chanter ; souvent la nuit tout entière s’écoule dans ces innocentes distractions, et ce n’est qu’à l’aube que chacun rentre chez soi, afin de